L'art de créer des problèmes
Publié le 16 mai
Jeudi 1er mai, 10 h du matin, un grand ciel bleu, l'été approche.
C'est un jour férié — après une grasse matinée, je pars faire mon footing hebdomadaire. La journée commence à merveille.
Deux rues plus loin, je croise un monsieur en train d’embrouiller une femme du quartier promenant son chien, parce qu’il y a trop souvent des crottes de chien devant chez lui. Il n’est pas content que les gens ne ramassent pas les déjections de leurs animaux.
Il était hors de lui, il haussait le ton, les insultes fusaient et la femme aussi — elle menaçait d’appeler la police.
J’ai cru qu’ils allaient en venir aux mains.
Sur le coup, ça m’a choqué. Nous sommes le 1er mai, c’est un jour férié, il fait beau, la journée démarre bien, et ce type n’a qu’une idée : chercher quelqu’un avec qui s’embrouiller.
N’a-t-il rien d’autre à faire de sa journée ?
Je passe par cette rue tous les jours, parfois plusieurs fois par jour : à pied, en courant, à vélo et même en skate !
J’habite dans le quartier depuis plus de six ans, et pas une seule fois je n’ai été gêné par la quantité de crottes de chien.
Mais jamais ça n'a été un champ de mine. Jamais je ne me suis fait la réflexion que c'était pénible de passer ici car il y avait trop de crottes de chien.
Oui, parfois il y en a, comme partout — je l'évite et, dix secondes après, j’ai oublié. Certaines personnes ne ramassent pas. Ce n’est pas bien, mais ce n’est pas la fin du monde non plus.
Cela me fascine à quel point certaines personnes sont capables de créer des problèmes pour rien — pour s’occuper, pour passer le temps. Ce monsieur devait avoir presque 50 ans. Il fait beau, tu ne travailles pas, va profiter de la vie — tu as toute cette belle journée devant toi ! Il faut vraiment être une merde (sans jeu de mots) pour se comporter ainsi.
Ce jour-là, c’était férié, j’avais plein de choses à faire. Je profitais du beau temps pour aller courir, mais j’ai aussi passé la journée à gérer mon site Lounio à ajouter des concerts et, surtout, à écrire mon article sur Jane Eyre — ça m’avait pris énormément de temps à rédiger.
C’est désolant, car ce monsieur (que je ne connais pas) est un voisin de quartier. Cela pourrait être un futur ami, quelqu’un avec qui échanger, faire une activité, un collègue de travail, ou que sais-je.
Mais quand les gens sont des imbéciles finis comme ce type qui vient chercher des problèmes; comment veux-tu te développer des relations ? Ne peut-il pas être normal ?
D’un autre côté, c’est aussi rassurant : quand la concurrence dans la vie, c’est un gars comme ça, je me dis que mon programme du 1er mai est un peu plus « constructif » que le sien — je prends de l’avance.
Quand il s’agira de trouver un travail ou de s’adapter au moindre imprévu, je pense avoir plus de chances qu’un type qui panique juste parce qu’il voit une crotte de chien devant son garage en sortant sa voiture le matin.
Bref, je trouve ça triste que des gens créent des problèmes pour rien. Profite de la vie, la journée est belle.