Concurrence urbaine et dynamisme féminin : le cas américain

Les Américains sont réputés pour être obèses et mal habillés. C'est à la fois vrai et totalement faux. Ce stéréotype est réel dans l'Amérique "profonde", mais complètement faux dans les grandes villes. C'est l'expérience que j'ai eue en visitant New York, Boston, Chicago, Nashville et Minneapolis.

Les grandes villes, ça ramène du monde.

Il y a bien plus d'opportunités en ville, ce n'est pas quelque chose de nouveau. Bourdieu parlait déjà des migrations des femmes de la campagne vers les villes pour obtenir une vie meilleure, désertant les campagnes de femmes. C'est quelque chose que l'on voit aussi en France : plus la ville est grande, plus il y a d'opportunités. Que ce soit professionnelles, sociales, amoureuses ou autres. Les villes, ça attire du monde.

On observe très bien cette différence en France en allant dans n'importe quelle métropole. Et le gap est encore plus grand en allant à Paris.

Il suffit de regarder la clientèle d'un supermarché — tout le monde va faire ses courses — c'est l'endroit qui représente le mieux la population locale.

Faire la comparaison entre un supermarché de campagne, d'une métropole et de Paris. À chaque étape, c'est un upgrade. Et c'est pareil en allant visiter un Walmart ou un Target américain.

Pourquoi ?

Les villes apportent de la concurrence entre les individus. Que ce soit pour obtenir un job, trouver l'amour ou s'améliorer dans son loisir, il y a du monde. La concurrence, ça oblige à devenir meilleur. C'est un cercle vertueux.

Quand tu as plein de jobs disponibles avec de belles perspectives d'évolution, ça t'incite à travailler dur et à ne pas te contenter du minimum. Je le vois dans mon industrie : 90% des jobs dans la tech sont à Paris et 99% des jobs intéressants et bien payés sont à Paris.

Sur le marché des rencontres, quand tu as des millions de personnes sur Tinder dans ta ville, ça oblige à t'améliorer pour te rendre attractif auprès du sexe opposé. Tu ne peux pas t'habiller en Quechua, tu ne vas pas pécho.

De plus, les grandes villes sont souvent plus piétonnes que les petites villes. Ça accentue la visibilité et les rencontres. Il faut être prêt en permanence, contrairement aux villes plus petites où l'on se déplace en voiture. On voit moins de monde, moins de concurrence, moins de possibilités.

Les US, pourquoi c'est si différent ?

Aux États-Unis, c'est le même principe, mais la culture est différente.

pyramide des âges US vs France
pyramide des âges US vs France

La démographie est similaire , avec des écarts par tranche d'âge ne dépassant pas 3%. Avec un écart aussi faible, on peut dire qu'elle est identique. En se baladant dans les grandes villes américaines, il y a beaucoup plus d'actifs et beaucoup moins de retraités — c'est flagrant. Mais comment expliquer cette différence si les pyramides des âges sont similaires ?

Les étudiants et les retraités

Pour les étudiants et retraités, c'est simple à expliquer. Les études aux US coûtent cher et durent 4 ans au lieu de 5 chez nous. Donc les étudiants s'impliquent dans leurs études et doivent bosser à côté. Ils n'ont pas le temps de glander en ville.

Pour les retraités, eux bossent, ils n'ont pas de retraite à 60 ans. Ils ne se mettent pas non plus en "pré-retraite" à 55 ans, sachant que la retraite approche et qu'ils peuvent déjà commencer à se la couler douce. Du coup, ils bossent, ils ne sont pas dans la rue.

Les rues aux États-Unis sont d'ailleurs dans l'ensemble moins remplies qu'en France. Il n'y a pas de magie — on ne devient pas la première puissance mondiale en se tournant les pouces.

La quantité de femmes dans la rue

Un truc qui m'a choqué aux États-Unis, c'est la quantité de femmes adultes absolument partout dans les rues. En courant le long du lac Michigan, je me suis rendu compte qu'il y avait la parité hommes-femmes en train de courir. Alors que quand je cours à Toulouse à Sesquières et le long du canal, 90% des coureurs sont des hommes. Comment expliquer cette différence astronomique ?

J'ai eu la même expérience à Houston en courant dans un parc local, mais surtout à la salle de sport. Il y avait plus de femmes que d'hommes dans la salle. Peut-être que c'était un simple hasard, mais je ne sais pas si j'ai déjà vu en France un Basic-Fit avec une clientèle composée de plus de 30% de femmes.

Cette vidéo à Fulton Market, d'un soir classique est impressionnante — il y a même plus de femmes que d'hommes. C'est inimaginable en France.

Je ne parle pas de "beauté" comme si X était plus belle que Y, car les personnes très belles comme les personnes très moches sont rares. La majorité de la population est dans la moyenne. C'est valable pour les hommes comme pour les femmes et ce, partout dans le monde. Ce qui est par contre marquant ici, c'est le ratio homme-femme.

L'équivalent en France serait composé de 70% d'hommes et serait composé majoritairement d'étudiants. Ici, ce sont des adultes et d'âge assez varié. Même si la majorité a entre 25 et 35 ans, il y a pas mal de personnes dépassant les 40 ans.

Point intéressant : les femmes sont aussi toutes très apprêtées et les hommes le sont beaucoup moins. En France, je pense que le niveau d'apprêtement entre les hommes et les femmes est plus similaire, mais aussi beaucoup plus bas.

Les différences culturelles

En France, on a le nivellement par le bas. C'est impossible de gagner plus de 3 000 €. Bien sûr, c'est une belle somme, on ne meurt pas de faim à la fin du mois — mais cela n'a rien à voir avec un salaire de 3 000 € d'il y a 15 ans — l'inflation est passée par là.

Il n'y a qu'à regarder la différence de taille des maisons entre la génération de nos parents et nous : la surface a été divisée par deux.

Aux États-Unis, un salaire peut facilement tripler entre un salaire bas et un salaire haut. Comparé au SMIC français + les aides (logements sociaux, primes d'activité, etc.), un salaire élevé ne fait même pas ×2 sur un SMIC. Le rythme de vie n'est pas si différent que ça.

Aux États-Unis, la différence de rythme de vie entre un couple pauvre et un couple riche atteint facilement un écart de 10 000 $. Et il n'y a pas de magie pour faire de l'argent, il faut être déterminé et cela se transmet dans tous les aspects de la vie : les gens se lèvent tôt, ils font du sport, ils sont sociaux, ils se montrent sous leur meilleur jour, etc.

Sur le dating, ça change tout. Quand tu cherches un partenaire, tu prends ce critère beaucoup plus en compte. Les hommes étant en général plus ambitieux que les femmes, ça a une grande influence chez celles-ci — c'est pour cela qu'on les voit beaucoup plus actives dans la vie de tous les jours. On cherche à être visible et vue sous son meilleur jour pour plaire au sexe opposé.

Cette vidéo a fait le buzz aux États-Unis. De mon point de vue français, je n'ai d'abord pas compris l'engouement face à cette vidéo. C'est après réflexion que j'ai compris que ce problème n'existait pas en France. Je n'ai jamais vu un groupe de femmes trentenaires aussi bien apprêtées sortir. Ça n'existe pas en France — pourtant, j'en voyais tous les jours à Chicago.

La culture dynamique américaine est très différente de notre culture européenne.